La réalité est cruelle pour le casque de réalité mixte


Après avoir été un des poids lourd de la téléphonie, HTC a pivoté vers la réalité virtuelle et augmentée à partir de 2016, en lançant la marque Vive (avec l’aide de Valve). Le constructeur n’a pas tout à fait abandonné le marché du smartphone comme on a pu le voir l’an dernier avec le U23 Pro. On ne saurait trop conseiller à l’entreprise de garder un pied dans ce secteur, car pour celui de la réalité mixte, elle est encore assez loin du compte.

Prix du Vive XR Elite

Le Vive XR Elite est actuellement vendu par HTC à 1 099 €. Il est fourni avec un grand nombre d’accessoires : deux contrôleurs, câbles USB-C, cache anti-lumière, accessoires de branches.

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Comparaison vaut parfois raison

Le plus gros problème de ce casque finalement, c’est qu’on le compare immanquablement au Quest 3 (sorti en octobre 2023) et au Vision Pro (disponible depuis début février et bientôt en France). C’est évidemment lui faire un mauvais procès, car le XR Elite a été lancé au printemps 2023, donc avant cette concurrence. Mais voilà, le monde est injuste et force est de reconnaitre que ce modèle tient difficilement le choc avec les deux cadors de la réalité mixte, aussi bien sur le plan technologique que sur celui des usages.

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Mais avant d’en arriver à la conclusion de ce test, commençons par le commencement. Le Vive XR Elite part d’une bonne intention avec ses formes qui le rapprochent d’une (très grosse et épaisse) paire de lunettes de soleil. On risque tout de même de se retourner sur votre passage dans la rue, néanmoins le produit cherche à s’éloigner du design « casque VR » caractéristique de ses rivaux.

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Le casque avec ses branches « façons lunettes ». Notez le câble USB-C qui attend qu’on y branche un PC. © 01net

HTC est même allé jusqu’à fournir des appendices qui se connectent aux branches du casque, prenant la place du bloc de la batterie. Cela achève de donner au Vive XR Elite un petit air de lunettes. Malheureusement, le casque n’est pas agréable du tout à porter de cette manière, les branches appuyant fortement au-dessus des oreilles et il manque de stabilité. Et puis cette configuration n’est réellement utile que si le casque est branché à un PC, ce qui annule l’effet mobilité. Mais au moins, il y a de l’idée.

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Le casque au complet, avec sa sangle. © 01net

On utilisera donc surtout le XR Elite en tandem avec sa batterie. Celle-ci se positionne à l’arrière de la tête, à l’instar du Quest Pro, ce qui évite d’avoir à porter tout le poids de l’appareil à l’avant. Une molette permet de rapprocher ou d’éloigner le bloc batterie de la tête. La sangle reste cependant indispensable pour éviter que le casque ne tombe sur le cou.

La recherche de l’équilibre

En termes de confort, le XR Elite ne s’en sort pas si mal face au Quest et au Vision Pro avec leurs sangles en tissu plus flexibles et plus doux sur la peau. Placer la batterie à l’arrière n’est pas dénué de sens pour éviter la fatigue sur le nez ; de fait, le casque seul ne pèse que 260 grammes, contre 614 grammes avec la batterie. Bien placer l’appareil sur la tête et trouver le bon réglage nécessiteront quelques essais, mais c’est le lot commun de tous les casques XR.

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Le bloc batterie avec sa molette à l’arrière pour l’ajuster au port de tête. © 01net

Celui de HTC présente néanmoins deux soucis : le système d’accroche de la batterie peut se désolidariser assez facilement, il suffit d’un mauvais geste pour que la branche détache le casque de sa batterie, ce qui n’inspire pas une très grande confiance. Et puis le cache anti-lumière a du mal à tenir en place. S’il utilise le même principe magnétique que le coussinet du Vision Pro, ce dernier tient bien mieux en place, il est aussi beaucoup plus haut de gamme que le cache de HTC. Malgré tout, il remplit convenablement son office, c’est bien ce qu’on lui demande.

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La branche de gauche a tendance à se désolidariser trop facilement. © 01net

Bon point aussi pour les différents réglages physiques disponibles sur le casque. La distance entre le centre des deux pupilles peut ainsi être modifiée en tout temps avec la molette intégrée (entre 54 à 73 mm). La mise au point est ajustable pour chaque lentille via une réglette dioptrique ; puisqu’il faut retirer ses lunettes avant d’utiliser le casque, ces réglages permettront d’adapter au mieux les optiques à sa vue.

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Les réglages dioptriques. © 01net

Le Vive XR Elite est fourni avec deux contrôleurs qui évoquent ceux de Meta. Équipés de dragonnes pour éviter de les balancer contre le mur à la moindre embardée, ces manettes sont équipées de gâchettes (avec effet Hall), d’un stick et de boutons ABXY. Ils sont plutôt agréables en main, malgré des finitions très plastique et un processus d’appairage parfois capricieux avec le casque.

Le casque peut aussi être contrôlé avec les doigts, mais les manettes sont chaudement recommandées pour éviter les crises de nerf : le repérage des doigts et des mains dans l’espace n’est clairement pas le point fort du XR Elite.

À l’intérieur du casque

L’appareil intègre des écrans d’une résolution de 1 920 x 1 920 par œil (soit 3 840 x 1 920 en tout) avec un taux de rafraîchissement de 90 Hz et un champ de vision de 110 degrés. Les fenêtres des applications et l’interface se montrent un peu granuleuses en comparaison de ce que peuvent offrir le Quest 3 (2 064 x 2 208 par œil) ou le Vision Pro (quasiment 4K par œil). Les deux concurrents font également mieux en termes de rafraîchissement des écrans : jusqu’à 100 Hz pour le Vision Pro, 120 Hz pour le Quest.

Un bon taux de rafraîchissement est important pour la réalité virtuelle et mixte, il permet de réduire la latence entre les mouvements de la tête et l’affichage correspondant et donc d’amplifier l’immersion. Un décalage peut également provoquer des nausées. Il en va de même pour la résolution : plus elle est élevée, plus les images et les textes sont nets. On s’évite aussi l’effet « screen door » qui affiche des lignes entre les pixels individuels, ce qui nuit là aussi à l’immersion.

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Une belle griffure sur la caméra avant de notre casque de test. © 01net

Autrement dit, avec de tels écrans, le XR Elite n’offre pas l’expérience la plus immersive. Les interfaces des applications et les jeux donnent l’impression d’être recouverts d’un voile de pixels. À cela s’ajoute un mode passthrough certes en couleur (contrairement au Quest 2 qui affiche l’environnement extérieur en noir et blanc), mais qui se révèle beaucoup moins performant que celui du Quest 3. De son côté, le Vision Pro joue dans une toute autre ligue.

Avec le casque sur la tête, il est tout simplement impossible de lire quelque chose sur l’écran d’un ordinateur ou d’un smartphone. Et en déplacement, la latence se fait clairement ressentir, ce qui peut décontenancer ou pire, susciter le mal de mer. Si on s’attendait à la concrétisation de l’intégration transparente entre éléments réels et virtuels, on en est loin : le « XR » de ce casque tient davantage du gimmick.

Le produit de HTC fonctionne avec la plateforme Snapdragon XR2 lancée en 2022, et qui est suffisamment puissante pour prendre en charge de très nombreuses apps et des jeux. La puce est secondée par 12 Go de RAM et 128 Go de stockage. En plus de l’accès à la boutique officielle, il est possible d’installer des apps Android en sideloading, ce qui est toujours utile si on ne trouve pas son bonheur dans le magasin Vive.

Une expérience de réalité mitigée

Les jeux sont le principal usage grand public du XR Elite, cette catégorie représente la majorité des apps disponibles dans la boutique — on fait vite le tour de la sélection qui tourne autour de 120 applications. Quelques noms sortent du lot, comme cette aventure de Sam & Max, Zombieland, une app LesMills pour suer, VRChat… Par contre, ne cherchez pas YouTube ou Netflix, aux abonnés absents (c’est le cas aussi du Vision Pro !). On peut utiliser le navigateur web qui bizarrement ne fonctionne que dans des environnements virtuels et pas en réalité mixte.

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Les deux contrôleurs font le travail. © 01net

Plus inquiétant, les jeux VR très connus comme Beat Saber ou No Man’s Sky ne sont pas non plus au rendez-vous. Évidemment, on ne s’attend pas à voir Half Life Alyx, Asgard’s Wrath 2 ou Horizon: Call of the Mountain qui servent de démonstration technologique pour leurs plateformes respectives (SteamVR, Meta Quest et PSVR2). HTC n’a clairement pas la masse critique pour attirer les développeurs, ni les moyens pour financer le portage de gros jeux.

Pour faire pencher la balance du côté positif, le Vive XR Elite sait plutôt bien fonctionner de pair avec un PC, sur lequel il faudra installer le client dédié Vive Streaming. On s’ouvre alors aux bibliothèques Viveport VR et SteamVR autrement plus fournies que la boutique de Vive. Le casque est compatible avec le Wi-Fi 6E, autrement dit le top du top en matière de connectivité sans fil. Si on a la chance d’avoir un routeur compatible, un PC suffisamment puissant et un câble Ethernet suffisamment long pour relier les deux, le casque de HTC prend une autre dimension (même si cela ne change rien à la qualité de ses écrans).

HTC fournit également un long câble USB-C qui permet de connecter l’appareil (que ce soit sur sa batterie ou sur le connecteur USB-C présent sur le casque en lui-même) au PC.

Le fonction PCVR est la bienvenue pour donner du souffle au casque… qui est au moins aussi puissant que le vent chaud propulsé par le ventilateur du casque. Mais pour deux fois moins cher, le Quest 3 en fait autant, avec une sélection de jeux natifs autrement plus intéressante. L’autre avantage de ce mode, c’est que l’énergie vient du PC et pas de la batterie en elle-même, qui tient une heure et demie, mais guère davantage.

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